Aider les adolescents et les jeunes adulte dans leur vie personnelle et professionnelle : Marion Chrysostome, assistante sociale

Aider les adolescents et les jeunes adultes dans leur vie personnelle et professionnelle : voilà tout l’objet du travail de Marion Chrysostome, assistante sociale au Centre Léon Bérard depuis 2012. Un accompagnement précieux pour les jeunes mais également leurs parents lors de leur traitement contre leur cancer. Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir plus.

 

A QUOI SERT UNE ASSISTANTE SOCIALE LORSQUE L’ON EST PRIS EN CHARGE POUR UN CANCER ?

Le cancer, à tout âge, va avoir des répercussions sur la vie du patient et cela peut fragiliser un peu plus une situation qui était déjà précaire avant la maladie. L’assistante sociale intervient en collaboration avec d’autres professionnels pour aider à traverser cette épreuve, avec à la fois un accompagnement et une aide aux démarches administratives pendant le temps du traitement et pour certain, après le traitement.

PENSEZ-VOUS QU’UNE ASSISTANTE SOCIALE EST PRIMORDIALE DANS UN HOPITAL ?

Oui totalement.

Pour nos patients âgés par exemple, quand il est question d’organiser le retour à la maison et qu’une perte d’autonomie s’est installée, l’intervention d’une assistante sociale auprès du patient et de sa famille peut grandement faciliter les démarches de mises en place d’aides. C’est un vrai plus pour eux ! Nous sommes également une aide pour nos médecins pour organiser les sorties d’hospitalisation dans les meilleures conditions possibles.

Et pour des patients plus jeunes, en étude ou ayant une activité professionnelle, des arrêts maladies sont mis en place sur la période des traitements (chirurgie, radiothérapie, cycles de chimitohérapie) : comment s’organiser quand ont a 21 ans et que cela nous tombe dessus ?

Notre travail va pouvoir aider le patient à gérer des démarches qui ne sont déjà pas simples, et encore plus compliquées quand on est nauséeux, douloureux ou très fatigué.

 

QUELLES SONT LES PRINCIPALES PROBLEMATIQUES DES JEUNES QUE VOUS RENCONTREZ ?

De façon générale, chez les adolescents mineurs, je vais les accompagner ainsi que leurs parents sur le problème des frais supplémentaires engagés par la maladie (frais de trajet, frais d’hébergement, baisse du temps de travail du parent). Mais c’est aussi les accompagner au mieux pour que les parents puissent être présents le plus possible auprès de leur enfant en traitement en cherchant des aides financières avec eux.

Pour les étudiants (18-25ans), la plus grosse problématique est le maintien de la scolarité. Où en est-il au moment où je le rencontre, a-t-il pu maintenir sa scolarité à l’université ou dans son école ?

Je vais alors proposer mon aide et l’informer sur ce qu’il existe dans les facs comme la mission handicap) qui peut proposer des aménagements de la scolarité et des systèmes de tutorats. Soit le jeune a déjà l’info, je lui donne donc les contacts et il gère la situation. Mais pour certains, c’est plus compliqué de faire le premier pas, donc ils me sollicitent et je me mets en lien directement avec les missions handicap, ou avec le référent de promo pour expliquer et dire ce qu’il se passe quand il y a des traitements lourds qui arrivent et voir ainsi qui peut être possible pour aménager la scolarité du patient. Pas forcément pour maintenir la totalité de la scolarité, car ce n’est évidemment pas toujours possible mais pour maintenir un ou deux modules ou de faire son année en deux ans plutôt qu’en une.

Les situations sont toujours très diverses : quand je les vois à la fin des traitements, certains n’ont pas pu maintenir leur scolarité à cause de leur fatigue et de leurs effets secondaires, tandis que d’autres ont pu valider leur année. Pour certains jeunes, j’ai pu aménager des passages d’examens sur l’hôpital donc quand ils sont en fin de parcours et qu’il leur manque plus qu’un examen à passer, ils ont la possibilité de valider leur diplôme. C’est très moteur pour la suite pour ces jeunes !

Pour les jeunes adultes. Ils sont déjà dans la vie active mais ils sont dans une tranche où leur carrière démarre, avec peu d’ancienneté ou des contrats en CDD. Ils ne perçoivent alors que leurs indemnités journalières pendant leur arrêt maladie et cela correspond à la moitié de leur salaire : c’est une grosse baisse de revenu.

Et pour ceux qui vivent seuls, cela peut d’autant plus de difficultés financières, surtout quand l’arrêt maladie s’installe à long terme. Et après la maladie, pour les jeunes adultes, l’insertion professionnelle est une problématique très récurrente. Soit, je suis face à un jeune qui est déjà en poste donc le retour au travail est toujours envisageable mais en douceur : dans ce cas-là, je vais pas mal l’informer sur les dispositifs de temps partiels thérapeutiques. Soit, le jeune est coupé du monde du travail pendant un certain temps en sachant qu’ils étaient encore sur un début de vie active de vie professionnelle avec peu d’expérience. En rajoutant la maladie cela créer une vraie fragilité. Je parle beaucoup de ce sujet avec les jeunes patients. Le DAJAC, le dispositif dédié aux adolescents et jeunes adultes au sein du Centre Léon Bérard, possède néanmoins des partenariats avec des associations qui permettent d’organiser des formes de coaching, des bilans de compétences, ce qui est une aide importante.

SUR QUELS DOMAINES AVEZ-VOUS L’IMPRESSION D’ETRE LA PLUS UTILE ?

Il y a certaines démarches qui sont difficiles, par exemple en lien avec l’ouverture des droits d’indemnités journalières, le fait d’envoyer son arrêt de travail… Moi je suis là seulement pour faire l’intermédiaire avec les dispositifs de droits communs. Quand j’arrive à avoir un contact un peu plus direct avec la sécurité sociale ou en tout cas que j’arrive à débloquer certaines situations, je me sens utile auprès des jeunes. Quand il y a une difficulté financière, de pouvoir accompagner à la constitution d’un dossier pour solliciter une demande d’aide financières exceptionnelle par exemple, cela peut aussi vraiment libérer d’un poids pour nos jeunes patients. A la maladie, aux traitements, s’ajoutent des difficultés financières qui peuvent être très stressantes.

Ce qui est d’autant plus difficile, c’est que, pour le cancer, il n’y a pas de dispositifs de droits communs type. Donc c’est nous, selon le cancer et ses répercussions, qui devons trouver des solutions, trouver quelles manettes actionner pour aider au mieux le jeune et sa famille pendant cette période. Cela demande d’agir au cas par cas.

COMMENT VOUS RENCONTRER ?

Nous avons une alerte informatique qui nous informe de tous les jeunes qui sont hospitalisés sur le Centre Léon Bérard. Je viens alors me présenter devant chaque jeune, il n’y a pas de rendez-vous à prendre en amont de son côté.

Je me présente alors en expliquant que je viens systématiquement devant tous les jeunes pour ne pas faire peur. Si toutefois, je ne me suis pas encore présentée à son arrivée, il peut formuler la demande devant n’importe quel professionnel qu’il rencontre à l’hôpital.

QUE DIRIEZ-VOUS A L’ADOLESCENTE QUE VOUS ETIEZ A 15 ANS ?

Ne te précipite pas mais ose !