Neurofibromatoses
Qu’est ce que la Neurofibromatose ?
La neurofibromatose de type 1 (NF1) est également appelée Maladie de Von Recklinghausen. C’est une anomalie héréditaire (c’est-à-dire transmissible à la descendance). Elle peut être transmise par le père ou par la mère (on parle de transmission sur le mode autosomal dominant). Cette anomalie peut aussi survenir de manière sporadique, c’est-à-dire chez un enfant dont les parents ne sont pas atteints (on parle alors de mutation de novo). Le risque de transmettre cette anomalie à son enfant est de 1 sur 2.
Le gène de la neurofibromatose est situé sur le chromosome 17. Il régule une voie de transmission des ordres dans la cellule : il est un frein sur la voie RAS/RAF/MEK. Il est muté chez les sujets qui ont la NF1, donc fonctionne mal. Donc le mauvais fonctionnement de ce frein est responsable d’une prolifération mal contrôlée de la cellule.
La NF1 prédispose les patients à l’apparition des tumeurs le plus souvent bénignes.
Comment diagnostique-t-on une neurofibromatose ?
Il faut au moins 2 des signes suivants (c’est-à-dire par exemple que la présence de taches café au lait seules n’est pas suffisante pour faire ce diagnostic):
- présence de 6 tâches café au lait au moins, qui mesurent plus de 5 mm avant la puberté et plus de 15 mm après la puberté
- et/ou 2 neurofibromes (il s’agit de petites masses en relief situées sur le trajet des nerfs)
- et/ou des lentigines (il s’agit de tâches de rousseur) au niveau de l’aisselle ou du pli de l’aine, – et/ou des nodules de Lisch (qui sont vus par l’ophtalmologiste)
- et/ou gliome des voies optiques
- et/ou des anomalies osseuses
- et/ou un parent atteint par cette maladie
Des études du gène permettent de confirmer l’anomalie par des prélèvements sanguins. Elles permettront peut-être dans l’avenir de comprendre mieux pourquoi certains sujets porteurs de l’anomalie du gène ont plus tendance que d’autres à faire des tumeurs.
Cette maladie peut prédisposer à l’apparition de tumeurs diverses, dont les gliomes des voies optiques. Les nerfs ou le chiasma optiques vont présenter des tumeurs (en général ce qu’on appelle des gliomes de bas grade) : elles provoquent une diminution de l’acuité visuelle (vision floue) et/ou peuvent altérer le champ visuel (c’est-à-dire qu’on ne voit pas ce qui se passe d’un côté par exemple). Elles peuvent aussi provoquer des anomalies endocriniennes (diminution des hormones : croissance, thyroïde…). Plus rarement, ce sont des maux de tête ou une augmentation du périmètre du crâne ou une diminution de la vigilance qui conduisent au diagnostic. Ces gliomes sont présents chez 15 % des patients porteurs de neurofibromatose, mais ne donnent des signes qui nécessitent un traitement que dans environ 2 à 4 % des cas de neurofibromatose.
Quel est le traitement de la neurofibromatose ?
Il n’y a pas de traitement de cette anomalie génétique. Il y a par contre des traitements lorsqu’il y a des complications.
Pour les gliomes des voies optiques on propose une simple surveillance s’ils ne provoquent pas d’anomalie (baisse de vision….). Quand ils provoquent des signes, il faut proposer un traitement, habituellement par chimiothérapie, qui comporte actuellement 2 médicaments (ONCOVIN-CARBOPLATINE). Ce traitement dure environ 18 mois s’il est efficace.
On est souvent obligé, au bout d’un certain temps, de refaire un autre traitement qui est soit un autre type de chimiothérapie, soit des anti-angiogéniques (médicaments luttant contre les vaisseaux anormaux situés au niveau de la tumeur), soit un traitement ciblé (par exemple de la voie RAS/RAF/MEK).
Plusieurs lignes (plusieurs types) de traitement peuvent être nécessaires. On essaie de ne pas réaliser d’irradiation (radiothérapie) chez les patients porteurs de neurofibromatose, car ils ont une sensibilité particulière avec risque de séquelle au niveau des vaisseaux. Mais parfois cela devient nécessaire.
Une autre complication possible est une dégénérescence (la tumeur devient maligne) des neurofibromes, qui deviennent des neuro-fibrosarcomes. Dans ce cas, on discute d’une chirurgie et d’une chimiothérapie, voire de traitements ciblés et d’essais thérapeutiques.
Quelle surveillance ?
La maladie de Recklinghausen fait l’objet d’une surveillance multidisciplinaire (par plusieurs spécialistes). Un réseau NF1 est en place au niveau régional, qui permet la coordination de cette surveillance, qui doit comporter une surveillance dermatologique par un dermatopédiatre et une consultation de génétique. Certains enfants vont présenter un retard de l’apprentissage, qui nécessitera un suivi particulier. En outre, en fonction des complications, on peut être amené à consulter un oncologue (cancérologue), un orthopédiste ou encore un endocrinologiste.